Un monopole de l’agriculture « durable » envahit les terres de paysans du Brésil

Nous partageons une traduction non-officielle en français de l’article du journal international en ligne Red Herald, relatant des nouvelles du Brésil.

Le monopole agricole Suzano Papel e Celulose a envahi les terres des paysans de la communauté de Jussaral à Urbano Santos, Maranhão. Les paysans dénoncent les menaces proférées par les hommes armés de l’entreprise, ainsi que le fait que cette dernière ait abattu des clôtures et envahi les terres de la communauté à l’aide de tracteurs.

Suzano est le plus grand producteur de pâte d’eucalyptus au monde, et affirme que ses plantations sont vertes et qu’elle « conserve » et « restaure » la biodiversité des forêts tropicales du Brésil. Cependant, les paysans de Jussaral affirment que les plantations de l’entreprise ont provoqué une pénurie d’eau pour la communauté. Les ressources en eau sont asséchées et contaminées par les pesticides des plantations.

Suzano prétend depuis 30 ans que les terres des paysans lui appartiennent et les a menacés à plusieurs reprises. 80 familles vivent dans la région et la communauté existe depuis plus de cent ans. Cependant, une autre entreprise prétend également posséder les terres : auparavant, une autre entreprise agricole a offert de l’argent au président de l’Union des résidents de la communauté de Jussaral, Raimundo Rodrigues, pour les terres de la communauté. Il a refusé l’offre et a ensuite été menacé par l’entreprise. Le journal A Nova Democracia souligne que cela prouve que les revendications des entreprises sur les terres sont fausses. Selon l’enquête du journaliste Antenor Ferreira, 70 % des plantations de Suzano dans le Maranhão se trouvent sur des terres illégales. Suzano est également connue pour ses accaparements de terres dans d’autres États, comme à Espírito Santo, où 200 familles de paysans ont occupé des terres de l’entreprise en avril.

Suzano Papel e Celulose, qui produit du papier et de la pâte à papier, matériaux considérés comme essentiels pour remplacer le plastique dans les emballages, par exemple, a récemment annoncé qu’elle investirait 16 millions de R$ (3,3 millions de dollars US) dans des projets de « bioéconomie » en collaboration avec le Service national d’apprentissage industriel. Le vieil État brésilien cherche à devenir un « leader mondial » dans ce secteur au nom de la « durabilité ». La durabilité est cependant loin d’être une réalité. Comme nous le voyons dans le cas de Suzano, ces nouveaux projets signifient un accaparement plus agressif des terres dans l’intérêt des impérialistes. Par exemple, au printemps, Lula s’est rendu en Chine et a annoncé 20 accords commerciaux entre des entités privées et publiques des deux pays. Suzano a été l’une des entreprises à conclure ces accords, notamment dans le domaine des « matériaux biosourcés ». Le gouvernement Lula se félicite de ce pillage des vastes ressources naturelles et de l’exploitation du peuple brésilien au nom de la « réindustrialisation verte ».