AND : L’armée développe des projets pour combattre l’ »ennemi intérieur »

Nous publions une traduction non officielle d’un article de A Nova Democracia (https://anovademocracia.com.br/exercito-desenvolve-projetos-para-combate-ao-inimigo-interno/), aussi traduit en anglais par le journal international en ligne Red Herald (https://redherald.org/2023/08/21/and-army-develops-projects-to-combat-the-internal-enemy/).

Au cours des dernières semaines, l’armée réactionnaire brésilienne a alloué, selon les nouvelles, de grandes sommes d’argent pour développer des « projets stratégiques » : ce seront au moins 1,5 milliards de R$ qui seront donnés en 2024 par le PLOA [note de traduction : Projeto de Lei Orçamentária Anual – Projet annuel de loi de finances] pour remplir cet objectif. Parmi les projets stratégiques annoncés jusqu’à présent par le Commandement des forces terrestres, le développement de drones et de nouveaux hélicoptères se distingue, avec une prévision d’utilisation centrée sur la région de l’Amazonie.

En plus du milliard et demi, 52,8 milliards de R$ du Novo PAC [note du traducteur : Novo Programa de Aceleração do Crescimento – Nouveau programme d’accélération de la croissance] sont destinés à l’ensemble des forces armées, et dont l’armée de terre recevra 12,4 milliards de R$.

Dans une récente interview accordée au monopole de la presse de l’État de São Paulo, le chef d’Etat-major de la corporation, le général Fernando José Soares, a déclaré : « Dans le cas de l’armée, l’aviation concerne les hélicoptères, afin d’accroître notre capacité de transport de troupes, en particulier dans la région de l’Amazonie. Ce paquet comprend également un nouvel équipement, les drones« .

En raison de l’histoire de la force réactionnaire et de la région de l’Amazonie, la déclaration est intrigante. Il est bien connu que l’intérêt principal de l’armée réactionnaire brésilienne n’est pas la défense de la région contre les pays étrangers et les puissances extérieures. De 2017 à aujourd’hui, au moins trois exercices conjoints ont été réalisés avec l’armée yankee, et plus encore avec d’autres armées étrangères, dans la région de l’Amazonie.

En 2017, AmazonLog a été réalisé en « coopération » avec les armées réactionnaires du Pérou et de la Colombie, sous la supervision de l’armée yankee (États-Unis). Un autre exercice militaire a eu lieu au Rondônia en 2020, sous la supervision de l’ancien secrétaire d’État yankee et de l’ancien agent de la CIA Mike Pompeo, dans lequel une confrontation entre une armée d’un « pays rouge » contre un « pays bleu » a été simulée. « Core 2023 » devrait aussi avoir lieu, et devrait être réalisé à nouveau avec l’armée yankee.

L’armée a déjà utilisé l’aviation pour réprimer les paysans

L’histoire de l’armée en matière d’équipements aéroportés à des fins militaires n’indique pas non plus qu’elle se concentre sur la défense contre les menaces extérieures. N’ayant pas encore développé sa propre aviation, l’armée a utilisé, dans les années 1970, des hélicoptères de l’armée de l’air brésilienne (FAB) lors d’opérations contre la guérilla d’Araguaia, dont deux ont été détruits. Les opérations de l’armée comprenaient la torture de paysans et de guérilleros, ainsi que des exécutions et des vols macabres au-dessus de la région où les corps des exécutés étaient suspendus aux avions.

Une vingtaine d’années plus tard, l’armée réactionnaire brésilienne a mené la première opération de son aviation. Cette fois, il s’agissait d’une opération conjointe avec l’armée réactionnaire colombienne contre les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Ce groupe, composé principalement de paysans armés, n’avait pas d’aspirations expansionnistes pour le Brésil, mais menait une lutte armée pour la terre en Colombie. Selon l’armée elle-même, l’opération des FARC ne relevait pas de l’ »expansionnisme », mais plutôt de représailles contre la répression de l’armée brésilienne à l’encontre des paysans chercheurs d’or dans la région de l’Amazonie. La justification de l’armée pour la réponse, appelée « opération Trahison », n’était pas non plus la « défense contre une menace extérieure », mais plutôt une opération de récupération d’armes. Le bilan est de 12 guérilleros tués par les troupes réactionnaires.

La situation en Amazonie aujourd’hui n’est pas très différente de celle que l’armée voulait combattre dans la région de l’Araguaia à partir de 1972, ou dans le territoire de l’Amazonie colombienne dans les années 1990, malgré la différence de l’existence d’une guérilla initiée aussi bien en Araguaia en 1967-74 qu’en Colombie. Il est prouvé que la région de l’Amazonie est l’arène de la lutte pour la terre dans le pays. Selon les derniers rapports de la Commission pastorale de la terre (CPT), des dizaines de milliers de paysans sont impliqués dans les soi-disant « conflits pour la terre » dans la région.

Les nouveaux projets sont donc le maintien de la stratégie militaire de l’armée brésilienne, transmise de génération en génération à travers les plans d’études de la corporation, visant à combattre « l’ennemi intérieur ». La planification stratégique des militaires n’est finalement qu’un signe de leur désespoir face à la possibilité de nouvelles rébellions paysannes en Amazonie.